jeu. Nov 21st, 2024

CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DU POINT G


LA MAUVAISE GESTION ET L’INSALUBRITÉ AU SERVICE DES PATIENTS

Au moment où le « Mali Kura » synonyme de refondation et de renouveau tente de se frayer un chemin  , le secteur de la santé semble ne pas avoir été impacté par cette nouvelle politique. Avec plusieurs dizaines de milliards d’irrégularités financières décelées par le Bureau du vérificateur général , la gestion du secteur sanitaire est indéniablement à revoir. Dans le lot de la mauvaise gestion se trouve un des grands centres hospitaliers de Bamako fréquenté quotidiennement par des centaines de patients, à savoir le CHU du point G. Centre de dernière référence créée en 1906 par le colon français, le CHU du point G vit des heures sombres depuis maintenant près de 5 ans. En cause, la mauvaise gestion de la direction qui a d’ailleurs été épinglée par le BVG a hauteur de 764,91 millions de francs CFA d’irrégularités financières décelées entre 2018 et juin 2021, cela sans compter les irrégularités administratives. C’est pour protester contre cette mauvaise gestion qui a des répercussions sur la qualité des soins offerts aux patients et l’état de dégradation avancé des lieux ainsi que plusieurs autres disfonctionnements a sein de l’établissement, que le collectif des syndicats du CHU du point G  a entamé ce lundi 12 Décembre une grève allant jusqu’au 16 décembre pour faire accepter leurs revendications. Cette grève qui paralyse l’hôpital très convoité n’est qu’une parmi la série qui a été entamé en 2021. Pour comprendre davantage ce qui se déroule réellement dans ce centre, nous y avons fait tour, et le constat est amer.

La situation au sein du centre hospitalier du point G n’A que trop duré et est lamentablement ignorée par les autorités de la transition. La cause de ces grèves a répétition  réside dans le combat des syndicats à faire accepter leurs dizaine de revendications  parmi lesquelles solutionner a  l’Etat de dégradation de certains bâtiments au sien du centre, lutter contre  l’insalubrité grandissante qui y règne, mettre un terme aux intimidations du directeur général, Dr Ilo Bella DIALL,  à l’encontre de certains syndicalistes, le règlement des problèmes fonciers des travailleurs, l’amélioration du plateau technique , la nomination des membres du conseil d’administration du CHU en respectant le choix du personnel, entre autres.

Un centre hospitalier d’une grande insalubrité et un plateau technique défaillant

 Le CHU du point G ,à y faire un tour,  est malheureusement a l’image de bon nombre de nos centres de santé et hôpitaux que fuient nos dirigeants pour se soigner hors du Mali . Alors qu’un budget est spécialement destiné au nettoyage , chose tout a fait normale, le constat que nous y avons fait est alarmant. En se promener entre les différents bâtiments et dans la cour, les multiples sacs de déchets jetés a même le sol, les poubelles qui débordent et qui sont disposées un peu partout ainsi que la saleté au sein des bâtiments interpellent. Selon une aide-soignante avec qui nous avons pu échanger pour comprendre les raisons de cette insalubrité : «  la direction ne nous donne pas de savon. Même le savon pour nettoyer les endroits ils ne nous donnent pas ! souvent c’est nous même qui sommes obligés de sortir l’argent de notre propre poche ». Dans certaines salles de consultations nous constatons que celles-ci ne disposent souvent pas du minimum à savoir des tables de consultations basiques ou même de ventilateurs. Un peu plus loin, c’est la toiture qui tombe en lambeau et peu s’effriter a n’importe quel moment au risque de blesser un passant. Dans un couloir nous apercevons des toilettes dans lesquelles nous entrons et sans surprise constatons que les lieux sont inondés dû à une fuite d’eau. Longtemps resté sans maintenance, les cuvettes sont inutilisables de par la crasse et la poussière qui s’y sont installées.

Selon le Professeur Guida Landouré, neurologue, secrétaire général adjoint du syndicat national de la sante, membre du collectif des syndicats grévistes du CHU du point G ,   cette grande insalubrité au sein de l’hôpital est due au fait que  la direction ne s’implique pas assez : « Les manœuvres font leur travail pour nettoyer les lieux mais si on ne leur donne pas de matériel comment ils vont faire ? Il y a normalement un budget pour ça. Le DG prétend que le budget de fonctionnement a chuté et qu’il n’a pas assez d’argent pour s’occuper de ces choses. Nous lui avons demandé comment les autres hôpitaux font ».

Autre revendication du  collectif des syndicats du CHU du point G, La structure pine à répondre convenablement aux attentes des usagers. En effet, selon le collectif, les services a l’imagerie  médicale sont a rehausser, en pérennisant les analyses et médicaments au niveau  du laboratoire et la pharmacie mais aussi en améliorant les actes au niveau du bloc opératoire.  Selon le Pr Landouré, « Pour défaut de stérilisateur, on est en train de faire payer au patient 18 mille francs CFA »

Conflits entre la direction et les travailleurs

En plus de l’état lamentable des lieux, les patients qui souvent viennent en état de détresse doivent faire face a des grèves incessantes qui conduisent au service minimum et sont souvent très peu voir pas pris en charge du fait de l’absence des grévistes. Ces conflits entre la direction de l’hôpital   représenté par le Dr Ilo Bella DIALL et ces syndicats persistent depuis plus d’une année sous le regard complice des autorités. Une aberration qui fait comprendre que la santé du malien lambda importe peu aux autorités de la transition.

Selon le Pr  GUIDA LANDOURE,  , il est reproché à la direction des actes d’intimidation a l’encontre de certains grévistes ce qui constitue une entrave a la liberté syndicale un droit inviolable en démocratie : «Nous,  moi et deux autres personnes, avons été convoquées a la gendarmerie car selon eux nous avons vandalisé l’hôpital. Ils ne peuvent même pas montrer ce qui a été vandalisé en réalité. Et une fois là-bas quand la gendarmerie a constaté qu’il n’ya rien, ils nous ont laissé partir. Il dit aussi qu’on s’est opposé à l’autorité légitime. Il confond deux choses. Nous,  nous sommes un syndicat et nous voulons aller en grève, ça ne veut pas dire qu’on s’oppose a lui. Or il ne peut pas dire qu’il nous a demandé de travailler et qu’on ne l’a pas fait. A chaque fois qu’on fait des grèves,  il cible des gens à qui il demande  des explication pour la grève qu’ils font ». 

L’autre point de discorde majeur entre la direction et les grévistes réside dans la mutation du secrétaire général du syndicat national de la sante, Mr Fousseyni Coulibaly. Aux dires des membres, ce dernier a été muté sans avoir au préalable été averti et cela en violation de ses droits : «  il a été muté à son insu. La loi 98-012 qui définit les rapports entre l‘administration et ses usagers dit que si un fonctionnaire doit être muté il faut le prévenir. C’est que toute décision doit être notifiée et ces décisions doivent être motivées. Fousseyni na pas été informé de cela. C’est un jour comme ça qu’il a vu la lettre qui lui a été adressée. Il a été muté au gouvernorat, or ce n’est pas normal car le gouvernorat gère les CSCOM et peut être les CCREF, or lui il est un cadre A il est biotechnologiste et cela n’est pas son travail. Ça veut dire qu’il perd encore en avantages. Donc les articles 9 et 10 prennent ça en charge. Même si tu mutes quelqu’un , même s’il y a une raison valable, il faut que là où il va il ne perde pas les avantages une fois à son nouveau lieu de travail ou il a été muté ». Aux dires du Pr LANDOURE la direction a muté le sieur Coulibaly pour la simple et bonne raison que celui-ci défendait bec et ongles la cause des patients.

Autres revendications qui créent un climat de conflits au sein de la structure sanitaire,  l’octroi  des terrains a  Environ 146 personnes restantes qui ont pourtant cotisées durant plusieurs mois leurs ristournes et toujours pas reçu de parcelles ; le non-paiement des salaires, des ristournes, des primes de garde dans les délais échus,   la non nomination des membres du Conseil d’administration sur choix du personnel. Sur ce point le BVG a par ailleurs révélé que « le Conseil d’Administration du CHU du Point G ne tient pas des sessions ordinaires réglementaires. Elle n’a tenu qu’une (1) session ordinaire en 2018 sur les deux prévues et aucune en 2020 ».

 764,91 millions de FCFA d’irrégularités financières décelées par le BVG et le silence coupable et complice des autorités

Les multiples constats et reproches faits par ces syndicats sont corroborés par le dernier rapport du bureau du vérificateur général remis au président de la transition le 29 novembre dernier. Dans ledit rapport, il est reproché à la direction du centre hospitalier des irrégularités financières s’élevant a 764,91 millions de francs CFA entre 2018 et juin 2021.Ces irrégularités constatées sous la gestion du Dr Ilo Bella DIALL nommé depuis 2018,  concernent entre autres  la non-justification de consommables de dialyse, au paiement intégral de marchés à commandes sans la livraison de tous les consommables,  au non-reversement de la part des produits des ventes des Dossiers d’Appel d’Offres destinée à l’ARMDS ; à l’apposition du visa sur les pièces de paiement de marchés sans vérifier les prix par rapport à la mercuriale ; à l’élaboration de procès-verbaux sans constatation de la quantité des matières engendrant un paiement indu ;  à l’utilisation irrégulière du carburant ; au paiement d’indemnités indues; au fractionnement de dépenses d’achat de consommables informatiques ; à la non-justification de matériels; à l’annulation irrégulière de recettes.

Ces multiples irrégularités financières qui ont fait perdre plus de sept cent millions de francs CFA à l’hôpital et qui pouvaient être utilisées à bon escient, dénotent une mauvaise gestion qui jusqu’à présent continue et cela a vu et su du ministère de la santé qui semble avoir peu faire de la situation qui prévaut dans ce lieu fortement fréquenté par les Maliens. Pour certains, cette passivité des autorités sanitaires s’assimile à une complicité et démontre simplement que « les autorités s’inquiètent peu de la santé du pauvre malien, ».

 Une situation qui n’a que trop durée et face à laquelle les plus hautes autorités sont fortement interpelées afin de mettre un terme à ces pratiques qui ont minées l’ancien régime et qui ne peuvent être acceptées sous la transition.

AWA CHOUAIDOU TRAORE – NOUVEL HORIZON

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