« DÉSORMAIS TOUS LES MILITANTS DU RPM PEUVENT POSTULER POUR ÊTRE CANDIDAT A L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE »
Le Rassemblement pour le Mali (RPM) parti du défunt président Ibrahim Boubacar KEÏTA a tenu les 26 et 27 Aout derniers son premier congrès extraordinaire. Cet évènement majeur dans la vie du parti a coïncidé avec des tensions entre des cadres de la formation politique. À l’issue de ce congrès extraordinaire qui avait aussi à l’ordre du jour la relecture des textes et règlement intérieur, un nouveau bureau politique national (BPN) de 138 membres a été mis en place avec à sa tête le président sortant, Dr Bocary TRETA , réélu pour un nouveau mandat de Cinq (5) ans. Au lendemain de cet évènement , nous avons échangé avec le secrétaire à l’information , à la communication et aux NTIC du parti, Mr Sékou NIAMÉ BATHILY, qui nous a entretenu sur la vie du parti. Avec ce nouveau BPN juridiquement légal, le secrétaire à l’information nous informe que le cap est désormais mis sur les futures échéances électorales avec une nouvelle particularité: « Désormais, tous les militants du RPM peuvent postuler pour être candidat a l’ élection présidentielle ».
NOUVEL HORIZON : Le RPM a tenu les 26 et 27 Aout derniers son premier congrès extraordinaire, qu’est ce qui a poussé à l’organisation de ces assises ?
Sékou Niamé BATHILY :
Le Parti a organisé son 1er congrès extraordinaire les 26 et 27 Aout au CICB à Bamako. Il faut savoir que juste après le coup d’Etat du 18 Aout 2020, le parti a entamé un certain nombre d’actions sur le terrain à travers l’organisation de conférences régionales, dans toutes les régions du Mali, sauf Kidal. Après, le parti a aussi organisé un comité central , les 26,27 et 28 Décembre 2021. Le RPM faisait partie des regroupements politiques qui demandaient le respect strict du délai de la transition et il s’avère qu’à l’époque, la convocation du collège électoral était prévue pour le 29 Décembre 2021 où notre parti appelait à respecter le délai de la transition. Les élections générales devaient se tenir le 27 février 2022, nous étions obligés d’être mieux préparés et de donner le message à l’opinion nationale et internationale que notre parti est prêt pour aller à l’organisation des élections. C’est pourquoi, lors de ce comité central, les militants ont décidé de designer Dr Bocary Tréta comme candidat du parti aux élections présidentielles. Quelques jours après, des camarades au sein du parti, qui n’étaient pas contents de cette décision, l’ont attaqué devant les tribunaux. Nous avons fait près d’un an et demi devant la justice pour cette histoire qui a pris fin le 12 Juin 2023 au niveau de la cour suprême qui a rendu un arrêt de rejet et a demandé de se conformer à la décision de la cour d’appel qui avait annulé les décisions du comité central. Donc la décision d’élire Bocary comme candidat à la présidentielle a été annulée par la justice.
Autre fait marquant de la décision judiciaire, c’est que la cour d’appel a constaté la fin du mandat du Bureau politique National (BPN). Ce dernier avait été mis en place le 23 octobre 2016 et à l’époque, le mandat était de 3 ans donc il devait prendre fin le 23 Octobre 2019. Sauf que le 23 Octobre 2029 a coïncidé avec un évènement phare de notre république qui était le dialogue national inclusif et l’ensemble des membres du BPN ont décidé de ne pas aller au congrès car ils estimaient qu’après les élections présidentielles de 2018, l’opposition n’avait pas reconnu la victoire du candidat Ibrahim Boubacar Keita à l’époque. Donc le RPM avait entrepris des démarches auprès de l’Opposition à l’époque, notamment l’URD. Apres cela les militants et responsables du RPM ont estimé qu’il n’était pas judicieux d’aller vers l’organisation du congrès à la vielle du dialogue national, étant donné que c’est suite à nos démarches que le Président avait appelé feu soumaïla Cissé pour lui demander de participer au Dialogue inclusif. Donc cet évènement pour eux était un grand évènement qui pouvait rassembler des acteurs politiques et d’autres forces vives de la Nation. Donc ensemble nous avons reporté l’organisation du congrès.
Le deuxième report s’est fait en 2020, après le dialogue national, lorsque les recommandations du dialogue ont demandé à aller vers l’organisation des élections législatives. En ce moment nous étions dans la phase électorale et les responsables du parti ont décidé encore une fois, à la veille des élections, de ne pas aller au congrès car un congrès ce sont des frustrés, des militants qui ne seront pas contents lorsqu’ils n’auront pas de poste dans le bureau national. Donc voilà les raisons qui nous ont amenés à reporter les différentes dates du congrès et la justice a constaté la fin du mandat du BPN depuis 2019. Fort heureusement, dans nos textes il y a deux manières d’organiser le congrès, soit c’est le BPN qui l’organise, or celui-ci a été rendu caduque par la justice, et la deuxième manière d’organiser le congrès dans nos textes , statuts et règlement intérieur, c’est les 2/3 des sections. Donc nous avons voulu opter pour la deuxième manière d’organiser le congrès. Au RPM nous avons 95 sections et de l’intérieur et de l’extérieur. Au niveau de l’intérieur nous Avons 62 sections et à l’extérieur 33. Nous avons demandé l’avis de toutes les sections par rapport à l’organisation du congrès et le 11 Juin 2023, les secrétaires généraux du parti se sont réunis à Bamako à l’hôtel Olympe et ont décidé de trois choses : la première était de donner la position du parti par rapport au referendum, la deuxième était de mettre en place une commission de médiation qui devait essayer de concilier les protagonistes par rapport à la crise interne au parti , la troisième est qu’ils demandaient aux responsables du parti d’aller à un congres afin d’être en phase avec nos textes. Quand nous avons interrogés les sections, 74 sur les 95 ont répondu à travers des correspondances et des mandats demandant l’organisation de ce congrès les 26 et 27 Aout 2023. C’est donc ce qui nous a motivé à aller à l’organisation de ce congrès.
N.H: Donc le congrès a été organisé en toute légalité sur la base des textes du parti, mais d’éminentes personnalités du RPM étaient absentes alors que le congrès était sous le signe de « la cohésion » qu’avez-vous à dire par rapport à cela ?
Sékou Niamé Bathily :
Je reconnais qu’il y a des cadres du parti qui n’ont pas participé au congrès. Quand on dit des personnalités « éminentes » cela donne l’impression que c’est un nombre conséquent de personnes qui n’ont pas participé. Alors que le BPN qui a été élu lors du congrès extraordinaire est dirigé par le Dr Bocary TRETA. Qui peut dire qu’il n’est pas une éminente personnalité du parti ? son 1er vice-président c’est l’ancien ministre Ousmane Kone qui a servi sous IBK et qui est une personnalité du parti. 2eme vice-président , Mr Abinou TEME est un ancien ministre de l’Education, une personnalité du parti aussi. Je peux citer autant de personnalités qui ont pris part à ce congrès extraordinaire et qui sont membres de l’actuel bureau. C’est dire que de l’autre côté , ce sont des camarades avec qui nous avons collaboré et avec qui nous allons continuer à collaborer. Honorable Mamadou Diarrassouba, maître Baber Gano, ce sont biensur des personnalités et nous avons besoin d’eux au sein du parti. Mais, à un moment donné il faut reconnaitre que si on est démocrate on doit accepter le fait majoritaire et aujourd’hui, la réalité est que ceux qui ont décidé d’organiser ce congrès sont la majorité au sein du parti. Parceque 74 sections sur les 95 , il y a une nette majorité qui se dégage et qui va au-delà des 2/3 demandés par les textes du parti.
N.H : Aujourd’hui quelles sont les relations entre l’actuel bureau qui vient d’être mis en place et ces « frondeurs » ?
Sékou Niamé Bathily : Je ne pense pas qu’ils soient des frondeurs. Il y a des choses qui se passent dans les coulissent et dont l’opinion n’est pas au courant. Même le jour du congrès nous avons continué à discuter avec certains d’entre eux. Et après le congrès[AT1] extraordinaire, nous avons reçu des appels de certains et avons échangé avec eux. Certains nous ont déjà rejoint et c’est l’annonce que nous allons faire prochainement au cours d’une conférence de presse. Le jour du congrès , le président du parti l’a dit : la porte du dialogue n’est pas fermée. Et le premier jour du congrès, une délégation a été formée par des congressistes pour aller rencontrer certains d’entre eux, car en réalité, parmi eux, tous ne pensent pas de la même manière. Il y en a qui sont peut-être dans des combats de candidature pour l’élection présidentielle, et qui estiment que le parti ne doit pas présenter de candidat et doit se ranger du côté des militaires pour les soutenir ou soutenir leur candidat. D’autres aussi pensent qu’on peut aller aux élections , présenter un candidat mais eux même veulent être candidat. Donc chacun est dans son combat. Il n’est pas dit qu’ils sont ensemble, c’est un groupe homogène. Ils se sont retrouvés et l’objectif était de mettre les bâtons dans les roues de Bocary TRETA, l’empêcher d’avancer car pour eux il a une ambition présidentielle. J’estime, jusqu’à’ preuve du contraire que ces camarades sont du parti et qu’ils n’ont pas voulu démissionner, donc je les comptabilisent parmi les militants du parti et qui vont signer leur retour, je l’estime et je le souhaite. Les prochains jours vont déterminer si tous ou quelques-uns vont retourner. Ce qui est sûr, la majorité a mis en place le bureau et ce bureau dirige aujourd’hui le RPM et ceux qui ne sont pas d’accord avec la majorité peuvent venir contester cela au sein du parti, c’est ça la démocratie.
N.H : Concernant les divergences d’opinions au sein du parti, comment le RPM se positionne par rapport à la Transition ?
Sékou Niamé Bathily : Dès le départ, le parti a été clair : nous accompagnons les autorités de la transition pour la réussite de la transition. Nous les accompagnons pour la bonne conduite des engagements pris. Mais au Mali d’aucuns pensent qu’accompagner veut dire tout accepter, suivre le vent et ne pas contester une décision des autorités. Je suis désolé , ce n’est pas cela. Le RPM n’a jamais été un parti qui a peur de prendre ses responsabilités, de s’assumer. Sous ATT, nous avons pris nos responsabilités en 2007 en rejoignant l’opposition en s’opposant à ce qui se passait dans le régime d’Amadou Toumani Toure, et aujourd’hui nous n’aurons pas peur de s’opposer, sauf que nous avons estimé qu’il ne peut pas y avoir une opposition à une transition. Une transition est une période qui rassemble tout le monde, et ou la cohésion doit être de mise, C’est notre compréhension. C’est pourquoi nous pensons accompagner mais dans la vérité, dans la dignité et dans l’honneur. Maintenant, il se trouve que les dissensions au sein du parti, dont vous faites allusions, certains pensent que le parti qui vient de perdre le pouvoir ne peut pas revenir tout de suite. Et qu’il faut être dans des jeux politiciens pour être dans l’accompagnement éternel en vue de profiter un peu du pouvoir. Cela n’est pas notre point de vue. Nous pensons qu’un parti politique aussi c’est mener des réflexions, faire des productions et des propositions aux autorités et s’opposer quand il faut. Mais surtout, conquérir le pouvoir, l’exercer dans le seul bonheur des populations. Si aujourd’hui d’autres veulent diriger le pays, c’est à eux de venir vers le politique mais pas aux politiques de faire des calculs pour les rejoindre. C’est à eux de laisser la tenue et se porter candidat. Si les lois de la république le permettent biensur.
Les textes du parti avaient beaucoup de lacunes , Depuis la création du parti, jusqu’en 2013 ou nous avons accédé au pouvoir, jamais il n’y a eu d’élection démocratique au sein du parti. C’est à dire il n’y a pas eu d’ouverture pour donner la possibilité aux militants de postuler pour être candidats aux élections présidentielles. À chaque élection présidentielle, IBK a été le candidat naturel du parti et les textes n’ont jamais voulu régler ce problème qui a fini par nous rattraper. C’est d’ailleurs à cause de ça qu’après le comité central du parti, des camardes ont pensé que quand les militants ont désigné le Dr Bocary Tréta président du parti, certains ont dit ne pas être d’accord et ont esté le parti en justice. Mais en réalité, ils ont torts car les textes n’ont jamais traité ce sujet. Nous avons profité lors de ce congrès extraordinaire pour régler cette question. Désormais, tous les militants du RPM peuvent postuler pour être candidat a l’élection présidentielle. Ce problème a été réglé lors de ce 1er congrès extraordinaire ou nous avons relu les textes. Désormais si un militant veut être candidat , il peut déposer sa candidature auprès de la commission créée au niveau du BPN, et seule la conférence nationale et le congrès peuvent designer en ce moment le candidat. Tout est clair. C’est pourquoi j’ai dit que parmi ceux que vous appelez les frondeurs, étaient dans ce combat . Peut-être que cela pourrait être une porte de sortie pour eux pour un retour au sein du parti.
N.H : Pour évoquer cette question, après l’élection du Dr Bocari TRETA à la tête du parti, qui sera le candit du RPM à l’élection présidentielle ?
SEKOU NIAMÉ BATHILY : Les militants décideront de cela dans les jours à venir. Et au moment opportun, on vous tiendra informé de tout le processus car il y aura un processus pour la désignation . C’est une procédure qui sera ouverte à tous les militants et on verra bien. Dr Bocary Tréta n’a jamais dit à personne qu’il est candidat. Même lors du comité central quand les militants ont décidé qu’il soit candidat, il n’a pas répondu. Au moment venu les candidatures s’ouvriront. Est ce qu’il aura l’intention de se prononcer à ces échéances ou candidater au sein du parti ? Est-ce que d’autres militants seraient intéressés à déposer leur candidature ? Dieu seul sait. Mais le moment venu les militants décideront de qui sera le candidat des Tisserands.
N.H : Donc les Tisserands auront un candidat pour l’élection présidentielle ?
Sékou Niamé Bathily :
Avant le comité central il y a eu la retraite du parti en octobre 2020, et lors de cette retraite, les militants ont décidé ensemble que la charte des partis politiques dans ses premiers articles dit, qu’un parti politique c’est pour la conquête et l’exercice du pouvoir, et le RPM s’inscrit dans cela. Donc nous pensons que le RPM ira vers l’organisation de toutes les élections.
N.H : Concernant l’aspect judiciaire, depuis un certain temps, il y a une vague d’arrestations liées à des soupçons de détournements de deniers publics. Parmi ces personnes se trouvent des membres du RPM, quelle est la position du parti par rapport à cela ?
Sékou Niamé Bathily :
J’avoue que des camarades ont eu des soucis judicaires même sous le régime du RPM. Ça me fait rappeler Bakary Togola de l’APCAM qui avait été placé sous mandat de dépôt sous IBK, Soloba Mady, le secrétaire général de la section de Kita a aussi été placé sous mandat de dépôt sous IBK, nous avons connu d’autres cas comme ça sous IBK. Et si aujourd’hui nous connaissons des camarades qui ont des soucis judicaires, nous n’aimerions pas nous prononcer sur une affaire en cours au niveau de la justice. Mais nous disons tout simplement que nous ne voulons pas de « deux poids deux mesures ». Nous pensons que si la justice a des griefs contre une personne, qu’elle soit du RPM ou pas, il faut que la justice dise le droit, ça ne pose aucun souci au parti. Le parti l’a toujours dit , même sous IBK, la transparence, la bonne gouvernance, la bonne gestion des affaires publiques sont des principes au sein du parti. Mais beaucoup d’anciens ministres ont actuellement des soucis judiciaires mais ne sont pas du RPM.
N.H : Quelle est la vision du parti pour les semaines , mois et années à venir.
Sékou Niamé Bathily : Nous allons continuer le dialogue avec les camarades qui ne sont pas venus au congrès et aussi élaborer un plan d’actions à court, moyen et long terme. Et préparer les militants et les structures de bases pour être prêts pour les échéances, car nous sommes un parti politique, nous devons aller vers les maliens, échanger avec eux, savoir aussi leurs difficultés, enregistrer leurs besoins. Jusqu’à preuve du contraire, nous restons la 1ere force politique à travers nos élus. Le RPM a aujourd’hui près de 200 maires, près de 3000 conseillers communaux à travers le Mali. Ce parti est mieux implanté et prêt à aller à la reconquête du pouvoir.
N.H : Un Dernier mot pour la fin ?
Sékou Niamé Bathily : Je lance un message à l’endroit des autorités pour que le reste de la transition soit géré de façon inclusive en associant tout le monde. Je réitère nos encouragements et nos remerciements au ministre d’Etat , ministre de l’administration territoriale qui est le ministre de tutelle des partis politique pour avoir convié un cadre de concertation pour échanger sur le séquençage du scrutin d’ici le 25 Mars 2024. Et je souhaite que la transition prenne fin le 25 Mars 2024 et que le nouveau président élu soit ce président de tous les maliens qui peut rassembler tous les maliens et aller vers la sécurisation des personnes et des biens, la reconquête de notre territoire, la bonne gouvernance et aussi assurer l’autosuffisance alimentaire.
Awa Chouaïdou TRAORE – NOUVEL HORIZON